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samedi 24 mars 2012

Martelly contre les droits à la sécurité et à la vie

« Le président Martelly a cité le déguerpissement des gens de la Place Jérémie, dans la nuit du 21 décembre 2011, comme l'une de ses grandes réalisations. Par ainsi, selon Reyneld Sanon du Collectif, le président, en plus de l'assumer, revendiquerait l'action de la Place Jérémie. »

Plus qu'un mépris ou même un déni, c'est une vraie guerre que mènerait le gouvernement du président Martelly contre le droit à la sécurité et le droit à la vie. C'est le point de vue soutenu par le Collectif des organisations de défense du droit au logement.

Dans une conférence de presse donnée au local du GARR (Groupe d'appui aux réfugiés et aux rapatriés), le vendredi 23 mars 2012, le Collectif a fixé sa position quant aux événements successifs et répétitifs d'incendie dans les camps de fortune dans différentes zones du pays. En effet, le Collectif dit constater la manière dont, dans différents camps de la capitale, la vie et les biens des gens sont emportés dans des flammes suspectes.
D' une part, ce qui choque le Collectif, c'est l'indifférence et le silence des autorités de l'État au regard de ces incendies qui jettent le deuil et le désespoir dans ces familles déjà sinistrées par le séisme du 12 janvier 2010.

 Cependant, il relève quelques points, en terme de rappel, à propos de ces incendies : un enfant de 3 ans meurt carbonisé, une cinquantaine de tentes sont brûlées et une autre cinquantaine détruites dans des manoeuvres visant à stopper le feu au camp qu'héberge l'école nationale République d'Argentine, le mercredi 8 février 2012 ; le 18 février 2012, au camp Maya I, à Christ-Roi, 2 tentes sont complètement consumées par le feu; 100 tentes partent en fumée, dans la nuit du dimanche au lundi 12 mars 2012 au camp du Lycée Toussaint Louverture; environ 58 autres détruites par le feu dans la nuit du 16 mars 2012, à la Place Mausolée près du palais national; 6 tentes ont été brûlées au camp Kozbami à Cité Soleil, le 18 mars 2012, suite au débarquement d'un groupe de bandits qui y ont mis le feu.

D'autre part, le Collectif se dit préoccupé et inquiet par l'attitude et le comportement des autorités concernées. Car, constate-t-il, rien n'a été fait pour venir en aide aux victimes dans leur détresse. Cette nonchalance des autorités ne doit pas laisser indifférente la population, avance le Collectif. Ces incendies qui paraissent être des actions criminelles, dans le dessein formé de forcer les gens à déguerpir, n'ont pourtant pas poussé les dirigeants à diligenter une enquête. Malgré tout l'engagement et toute la diligence dont le Commissaire du gouvernement se réclame, il n'a toujours pris aucune disposition pour rechercher les criminels et sévir contre eux comme le prévoit notre Code d'instruction criminelle. Pis encore, aucune disposition n'est prise pour empêcher la reprise de tels agissements. Car, soutient Antonal Mortimé de la Pohdh parlant au nom du Collectif, aucune brigade de la Police - censée protéger et servir - n'a été placée à proximité des camps en matière de vigilance. Aucun accompagnement, non plus, n'a été proposé aux victimes dans la reproduction de leurs pièces (acte de naissance, carte d'identification nationale, etc.) maintenant détruites. C'est le cas de Roseline Octavius du camp Maya I, qui, en plus d'avoir perdu des économies destinées à payer la scolarité de son enfant, doit se coucher avec 4 autres personnes sur un seul lit. Ou encore de cette dame de 35 ans, ayant requis l'anonymat, du camp du Lycée Toussaint Louverture, pour avoir vu cinq personnes disparaître sous ses yeux. Elle est visiblement traumatisée.

Cependant, le Collectif est clair sur l'interprétation de sa note de presse : le président Martelly a cité le déguerpissement des gens de la Place Jérémie, dans la nuit du 21 décembre 2011, comme l'une de ses grandes réalisations. Par ainsi, selon Reyneld Sanon du Collectif, le président, en plus de l'assumer, revendiquerait l'action de la Place Jérémie.

Compte tenu de tout cela, le Collectif exige que le commissaire du gouvernement de Port-au-Prince mette l'action publique en mouvement et sévisse contre ces criminels ; que la mairie de Port-au-Prince vienne en aide aux victimes dont la situation est aggravée ; que la Croix-Rouge haïtienne et le ministère à la Condition féminine et aux Droits des femmes volent au secours des femmes enceintes avec des enfants sans toit ; que les victimes des camps s'organisent de manière à pouvoir se défendre de ces criminels et, enfin, que tous, groupes, organisations et institutions nationales et internationales se solidarisent avec ces compatriotes vivant dans ces camps sous des tentes et qui continuent à être victimes.

Jean Tibère
jtibere@lenouvelliste.com

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