Nombre total de pages vues

lundi 11 juin 2012

Haïti en passe de devenir une République ouvrière


 La création d’emplois, la nécessité d’investissement de capital étranger, tout cela associé à l’idée qu’ « Haïti est ouverte aux affaires » (Haïti is open for business) sont les nouveaux temps du verbe des dirigeants haïtiens et de certains pays qui se réclament « amis » de l’Etat caribéen.
Cette tendance politique laisse sceptiques des organisations haïtiennes, à l’image de la Plate-forme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif (Papda) et « Batay ouvriye » Bataille ouvrière’’.
Toute la question reste la qualité des emplois et les conditions de travail, selon ces institutions.
De paysans à « ouvriers de ville »
« Il y avait aussi du travail du temps de l’esclavage, mais les noirs en mouraient », rappellent ces organismes lors de la troisième journée, le jeudi 7 juin, d’un forum axé sur l’environnement tenu au nord de la capitale.
Selon Batay Ouvriye, la République d’Haïti est sur la voie de connaître une réalité similaire à celle du temps de l’exploitation esclavagiste. Selon le professeur Didier Dominique, le rêve de l’international c’est « de transformer Haïti en une source de main d’œuvre à bon marché ».
Un ouvrier ne reçoit que 125 gourdes ($ 1Us = 40 gourdes) comme salaire minimum par jour. Haïti est déjà le premier pays de main d’œuvre à bon marché sur la liste des États du continent américain.
Ils comptent détruire l’agriculture haïtienne (principale source de production nationale) et transformer le petit paysan « en ouvrier agricole », dénoncent les organisations participant au forum. Des transnationales entendent, avec l’aide de certains complices haïtiens, s’accaparer des terres arables des paysans pour ensuite les contraindre à y vendre leur force de travail, explique le responsable de Batay Ouvriye.
Le premier exemple saute aux yeux et c’est celui de la zone franche de Caracol (Nord) qui sera établie sur des terres propices au développement de l’agriculture. Et ce sont quarante zones franches qu’Haïti devra bientôt accueillir.
« Les zones franches et l’agro-industrie » sont les deux principaux moteurs que ces amis de la communauté internationale comptent mettre en marche pour réaliser leur plan, qualifié de « mortel, machiavélique et de re-colonisateur », selon Didier Dominique et Léonor Louis, tous deux intervenants au forum.
Batay Ouvriye dit attester que des transnationales commencent par acheter des terres au nord du pays principalement sur le trajet Cap-Haïtien/Ounaminthe et dans une bonne partie du Nord-Est où des compagnies étrangères auraient déjà acheté des terres abritant des sources d’eau, ressources nationales.
Le cercle vicieux de la bidonvilisation
Il est constaté que ces parcs industriels risquent de compliquer voire de compromettre la mise en œuvre d’une vraie politique d’urbanisation. A titre d’exemple le parc industriel Sonapi (périphérie nord de la capitale) a généré le vaste bidonville de Cité Soleil.
Une réalité expliquée par le fait que « le salaire de misère de l’ouvrier ne lui permettra jamais d’acheter un logement », car règne un flagrant déséquilibre entre la paie du salarié et les prix des logements, analyse Batay ouvriye.
Et quand on fait appel aux organismes non-gouvernementaux investissant le champ de la construction d’abris, ils n’offrent que de petites constructions en contre-plaqué (plywood) qui ne durent qu’un an sous l’effet du soleil et de la pluie. Cela met aussi ces organismes dans une position confortable pour réclamer de nouveaux fonds d’aide, soutiennent les dirigeants de Batay Ouvriye.
L’organisation déplore cette situation tout en invitant à la mobilisation dans le but de créer une force, une conjugaison des efforts pour contrer cet état de fait.

 AlterPresse

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire