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mardi 31 janvier 2012

MINUSTAH : Nouveau cas de viol d’un adolescent aux Gonaives

La victime, un jeune garçon de 14 ans, aurait été séquestrée pendant 2 jours au Cap-Haïtien… après avoir subi le viol.

Après Johnny Jean à Port Salut dans le Sud, c’est le tour d’un jeune garçon de 14 ans aux Gonaïves [chef-lieu du département de l’Artibonite, à 171 km au nord de la capitale] qui serait victime d’agression sexuelle de la part des casques bleus pakistanais de la mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah).
Le viol aurait été perpétré, il y a environ une semaine, sur la place d’armes de la ville départementale, dans un bâtiment utilisé provisoirement comme centre carcéral, où les casques bleus ont la garde de prévenus emprisonnés, indiquent les autorités judiciaires des Gonaïves,
La place d’armes des Gonaïves est un lieu historique et hautement symbolique, témoin de la lecture de la déclaration d’indépendance d’Haïti le 1er janvier 1804.
Le week-end écoulé, la victime - accompagnée de ses parents, des témoins et de ses avocats - a été auditionnée par Mesac Philogène, le commissaire du gouvernement près le tribunal civil (première instance) des Gonaïves, saisi du dossier.
Ont également assisté à la séance d’audition le responsable départemental de la brigade de la protection des mineurs (Bpm), le directeur départemental de la police nationale d’Haïti (Pnh), le commandant régional de la police des Nations Unies (Unpol) et des membres d’une délégation onusienne en provenance de New York.
“ L’audition de la victime et des témoins a permis d’avoir des éléments, prouvant que le viol a été perpétré effectivement contre cet adolescent, qui a du mal à identifier ses agresseurs”, .indique à AlterPresse le chef du parquet des Gonaïves.
Les déclarations et témoignages recueillis devraient ouvrir des pistes pour remonter jusqu’aux présumés agresseurs et favoriser le processus judiciaire. Les soldats incriminés de la Minustah, une fois identifiés, risquent des accusations de viol et d’enlèvement.
Deux individus, convertis à l’islam, sont actuellement sous les verrous, accusés d’avoir facilité la perpétration de l’acte de viol sur l’adolescent par les soldats onusiens.
La victime a été emmenée jusqu’au Cap-Haïtien (à 100 kilomètres des Gonaïves), où elle a été séquestrée pendant deux jours, selon le chef du parquet.
La vigilance des institutions, comme l’office départemental de la protection de la citoyenne et du citoyen (Opc) et la brigade de protection des mineurs, a permis à la justice de retrouver la victime, ajoute Philogène.
Déplorant cette nouvelle agression commise par les militaires de la Minustah, le parquet des Gonaïves promet de prendre toutes les dispositions nécessaires pour prévenir toute impunité, voire tout classement sans suite du cas du jeune adolescent.
Quoi qu’il en soit, la justice haïtienne ne pourra pas juger les présumés coupables de ce viol, qui seront certainement rapatriés pour être entendus dans leur pays, si une procédure judiciaire devait être lancée.
Une sœur de la victime, qui l’a accompagné à l’audition au parquet, fait savoir que des soldats de la Minustah avaient débarqué chez eux et offert des sacs de riz, de haricots et des caisses d’huile, en échange de leur silence.
Affirmant avoir refusé l’offre, elle réclame justice pour son jeune frère.
Le bâtonnier de l’ordre des avocats du barreau des Gonaïves, Néhémy Joseph, se dit scandalisé par ce viol qui porte non seulement atteinte à l’intégrité de l’adolescent, mais qui fait aussi tort à la société haïtienne.
Le service d’assistance légale du barreau des Gonaïves met, à disposition de la victime, des avocats qui l’assisteront dans toutes les phases de la procédure, annonce-t-il.
Joseph souhaite que l’instruction, ouverte autour de ce dossier, aboutisse à un résultat qui donnera la possibilité de poursuivre les présumés agresseurs ainsi que de rendre justice et réparation à la victime.
Les soldats uruguayens, accusés d’avoir violé Johnny Jean et rapatriés dans leur pays pour être jugés, ont été libérés au début de cette année. Alors que la Minustah précise qu’il s’agit d’une « liberté conditionnelle », Johnny Jean et sa famille sont sortis de l’ombre - dans laquelle le scandale les avait forcés à se terrer - pour dénoncer cette libération.
Récemment, la Minustah a elle-même informé que des civils en son sein avaient aussi commis des actes d’agression sexuelle.
Correspondance Mergenat Exalus/Alterpresse

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