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mardi 20 mars 2012

Un bâtiment à 1,9 million reste inoccupé

Le bâtiment à 1,9 million de dollars offert par l'Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID) au Parlement attend toujours ses occupants au bord de mer. Quatre mois après une somptueuse inauguration rehaussée par la présence du chef de l'Etat, le Sénat et la Chambre des députés déboursent presque le double du montant de la construction pour aménager des commodités



Le cadeau de l'Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID) aux députés et sénateurs après le séisme du 12 janvier 2010 qui a violement détruit le palais législatif n'est pas empoisonné. Les parlementaires ne souffrent pas non plus du mal de mer pour s'installer dans le bâtiment à 1,9 million de dollars construit à un jet de pierre du port de Port-au-Prince. « Le bâtiment intérimaire ne répond pas tout simplement aux commodités des députés et des sénateurs », a affirmé Jn Ariel Joseph, secrétaire général du Sénat. Trois mois avant l'inauguration du bâtiment le 21 novembre dernier, a-t-il expliqué, les présidents des deux Chambres à l'époque, Jean Rodolphe Joazile et Sorel Jacinthe, exprimaient certains mécontentements auprès de la firme de construction. « Il n'y a pas eu de toilettes près des salles de séances et dans les bureaux politiques. Les blocs sanitaires n'offraient pas sufisamment de confort aux parlementaires », a énuméré celui qui a paraphé en août 2010 le protocole d'accord proposé par l'USAID. Ledit accord paraphé également par le secrétaire général de la Chambre des députés, Lucien Francoeur, a été approuvé par Kély C. Bastien, à l'époque président de l'Assemblé nationale.

« La salle de séances construit pour le Sénat dans le cadre de ce protocole d'accord n'était qu'un hall séparé par celle de la Chambre des députés par un simple rideau qui laissait traverser les sons de part et d'autre ; le bâtiment n'était pas suffisament sécurisé ; la capacité d'accueil pour les employés de la Chambre des députés et du Sénat sur le nouveau site n'est que de 200 personnes, alors que nous avons un besoin pour 500 employés, et la route principale qui conduit au site était trop poussiéreuse », a encore énuméré le secrétaire général pour expliquer le temps qu'ont pris les parlementaires avant de siéger au bord de mer. La compagnie, selon Jn Ariel Joseph, a évoqué des contraintes budgétaires pour refuser de mettre le bâtiment au goût des bénéficiaires.

Déménagement après Pâques

Le Sénat et la Chambre des députés ont dépensé presque le double du coût de construction consenti par l'USAID pour transformer le bâtiment. « Avec nos financements, la salle des séances du Sénat devient très moderne et des bureaux en cèdre ont été construits pour les 30 sénateurs », a fait savoir le secrétaire général, annonçant pour le 9 avril au plus tard l'installation des parlementaires au local limitrophe du quai, en face de l'ancienne chancellerie.

Des toilettes de proximité, a-t-il ajouté, ont été construites près des salles de séances à partir des fonds dégagés par les deux Chambres. Une structure de sécurité a été mise en place en séparant les parkings des salles de séances. « La Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah) a offert six modules préfabriqués pour la mise en place d'une zone stérile », a confié M. Joseph dans une longue interview accordée au journal. Le ministère des Travaux publics, Transports et Communications a convenu, entre-temps, de la nécessité d'asphalter la route attenante au futur palais législatif. Soucieux de la sécurité des occupants du bâtiment, l'USAID propose une formation appropriée aux nombreux agents de sécurité du Parlement. Si le Parlement cédera les préfabriqués installés par la Minustah pour héberger les parlementaires qui siégeaient à l'Académie nationale de police au lendemain de l'effondrement meurtrier de leur palais, le Sénat gardera son bâtiment administratif pour les besoins d'un grand nombre de ses employés.

L'histoire du bâtiment construit par l'USAID au bord de mer remonte à la visite, en avril 2010, d'une délégation de vingt et un congressmen américains à leurs collègues haïtiens relogés dans des salles de cours de l'Académie de police. Préoccupés par les conditions lamentables d'un Parlement frappé par un séisme, les parlementaires américains avaient entrepris des démarches auprès de l'USAID. Chemin faisant, en juillet 2010, une délégation américaine avait rencontré des responsables du Sénat et le secrétaire général de la Chambre des députés qui étaient dysfonctionnels pour discuter de la construction d'un bâtiment intérimaire au bord de mer que l'Etat haïtien peine à reconstruire.
Claude Gilles

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