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vendredi 6 avril 2012

Lorsque tombent les masques du rara

 
Le carême est la période de pénitence pour certains, et pour d'autres, c'est le rara, une tradition culturelle haïtienne. Le rara serait pour un grand nombre de personnes un carnaval né des certaines sections rurales pendant la période coloniale. Pour d'autres, ce serait une manifestation liée au vaudou directement enracinée dans la culture haïtienne.

De toute évidence, le rara dans toutes ses formes aurait pris naissance en Haïti dans certaines régions - l'Artibonite - et villes de provinces - Léogane - où l'esprit rituel, manifestation populaire religieuse au carnaval rural, se retrouve. « C'est une fête nationale qui recrée le contact avec les saints et les loas », confie Jacquelin Pierre. Ce septuagénaire croit que c'est la raison pour laquelle les Haïtiens s'y adonnent corps et âme.
Cette fête populaire traditionnelle est aussi considérée comme une manifestation de foi religieuse intégrée dans le culturel haïtien. Le terme rara, selon certains Léogânais interrogés, sert généralement à désigner un groupe de musiciens, de danseurs et de jongleurs accompagnés d'une foule de spectateurs parcourant les rues.

Cette manifestation en général ne concerne pas seulement les adeptes du culte en question, mais draine de nombreuses personnes appartenant à d'autres cultes, soit en tant que spectateurs, soit en tant que participants. Dans cette foule, on retrouve les opposants au rara. Pour cette catégorie, l'aspect esthétique et hygiénique est la raison avancée pour justifier leur opposition.

Pour Carline Toussaint, étudiante à la faculté d'ethnologie, «le rara est un fait artistique, un théâtre ambulant, un carnaval rural, une manifestation magique et religieuse, qui débute avec le carême». Le rituel se fait en deux temps. La première partie, le mercredi des cendres, avec une cérémonie vouée à l'esprit «Legba» pour accroître les forces et la deuxième partie, le jeudi saint, avec le baptême des objets du groupe suivi d'une tournée de "clairin" (alcool) pour tous.

Avec le temps, le sens du rara s'est émoussé et est devenu méconnu de plus d'un. Ce fut un espace fait pour les avides de plaisir, pour oublier leurs problèmes d'ordre socio-économique; c'est pourquoi cette pratique est considérée comme un prolongement du carnaval urbain. « Au fil des années, cette nouvelle manche, en plus d'apporter un excédent de festivités et de débauches aux participants endiablés, devient le marché idéal des propagandes », se lamente Jacques.

Si jadis cette manifestation permettait la rencontre en un lieu précis des raras venus de partout confronter leurs pouvoirs mystiques, de nos jours, des foules de profanes de toutes classes participent aux défilés. D'où la banalisation de son sens mystique et social.



Hansy Mars
hansymars@gmail.com

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