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vendredi 13 avril 2012

Pas question de vider les lieux ni de nous cacher, affirme un ex sergent

Les hommes armés et en tenues militaires qui occupent depuis plus de deux mois l'ancien camp d'application des Forces armées d'Haïti à Lamentin 54 n'envisagent pas de vider les lieux. Ils prétendent être chez eux et refusent d'obtempérer à l'injonction du gouvernement. Ces hommes réclament, de préférence, du chef de l'Etat la nomination d'un état-major par intérim. Quant à leur présence dans les rues, ils n'y voient aucun inconvénient.

 Dans un quart d'heure, il sera midi. Dans la cour du camp d'application à Lamentin 54, ce jeudi, les soldats en treillis sont au repos. Ils se mettent à l'abri du soleil accablant. C'est le moment de se relaxer. Certains en profitent pour jouer aux dominos, d'autres préfèrent jouer aux cartes. Selon les sergents David Dormé et Jean Fednel Lafalaise, les troupes ont passé toute la nuit à travailler et à s'entrainer sous la pluie. Cela n'empêche pas aux deux hommes de vider leur sac. Ainsi, ils ont répondu ouvertement aux autorités gouvernementales qui leur demandent de quitter les espaces qu'ils occupent.

« Pas question de vider les lieux. Nous sommes ici chez nous. Nous devons rappeler que nous ne sommes pas dans un centre d'hébergement, mais dans un camp militaire, une caserne », a répliqué le sergent David Dormé, rectifiant pour la presse qu'il n'y a pas d'anciens militaires, mais des militaires tout court. « Exercer la fonction de militaire est une profession. Il n'y a pas d'anciens militaires », a-t-il affirmé. David Dormé trouve normal le mouvement de va-et-vient effectué par les hommes en treillis à travers les rues de la capitale et des villes de province.

« Nous ne pouvons pas nier que nous circulons à bord de véhicules et avec des armes. C'est normal. Car la Constitution haïtienne reconnaît l'existence de deux forces armées. Le 29 mars écoulé, qui a marqué le vingt-cinquième anniversaire de cette Constitution, nous avons réalisé que tout le monde s'est mis d'accord pour son respect et son application. Maintenant, nous n'avons pas à nous cacher. Nous circulons à travers les rues dans le cadre de notre travail de militaire », a expliqué David Dormé.

Pour sa part, le sergent Jean Fedner Lafalaise a exprimé la principale recommandation de ses compagnons d'armes. « Les autorités savent ce que nous demandons. Nous exigeons la nomination d'un état-major, même par intérim. Il ne faut que cela pour rétablir l'ordre. Car nous sommes constitutionnels et nous ne faisons pas de violence sur la population », a-t-il avancé. Lafalaise a soutenu que les armes qu' ils détiennent sont celles qu'ils avaient eues avant la démobilisation des Forces armées d'Haïti. « Nous avons eu un long congé. Un congé de dix-huit ans. Nos armes et nos uniformes n'ont pas été confisquées », a-t-il lâché sans convaincre. Le sergent Lafalaise a révélé, sans apporter de précisions, qu'ils reçoivent l'aide financière de quelques particuliers. Ces particuliers sont, dit-il, des supporteurs et les véhicules neufs proviennent d'eux.


Si ces hommes armés recoivent de nouvelles consignes, ils ont aussi changé de slogan. « Autrefois, notre slogan était l'armée ou la mort; maintenant, c'est l'armée et la police », a avancé Jean Fedner Lafalaise. « Ces soldats qui se réclament des Forces armées d'Haïti font chaque nuit des patrouilles». Du reste, les personnes appréhendées au cours de ces patrouilles sont remises à la police, selon Lafalaise.

A rappeler qu'après une réunion de travail qui s'est tenue le 3 mars dernier au palais national, la présidence avait pris un ensemble de dispositions concernant la présence non autorisée d'individus armés et vêtus d'uniformes. Le chef de l'Etat, Michel Joseph Martelly, avait interdit formellement à ces individus de circuler en treillis et armés. Il leur avait aussi fait injonction formelle de libérer, dans le plus bref délai, les différents espaces occupés.
Parallèlement, le ministère de l'Intérieur, des Collectivités territoriales et de la Défense nationale avait demandé, en date du 3 mars 2012, à tous les détenteurs d'armes de guerre, à quel que soit le groupe ou corps auquel ils appartiennent, de les déclarer à ladite institution pour identification. Il leur avait accordé un délai de quinze jours, à compter de la publication de la note, pour ce faire.

En cas de désobéissance à ces ordres, la présidence et le gouvernement avaient mentionné que des dispositions légales suivraient.

Gerard Jeanty Junior
gjeantyjr@lenouvelliste.com

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