Appréhensions contre d’éventuelles persécutions politiques/ Appels pour des éclaircissements
L’affaire du complot contre Martelly impliquant prétendument un ex-haut gradé de l’armée dominicaine et des haïtiens, continue à susciter des réactions dans divers milieux en Haïti, la majorité d’entre elles traduisant le scepticisme et l’inquiétude des intervenants par rapport aux éventuelles retombées d’une telle histoire.
Le directeur exécutif du Réseau national de défense des droits humains (RNDDH), Pierre Espérance, a exprimé samedi sur les ondes de Radio Kiskeya sa préoccupation par rapport aux révélations faites à ce sujet par des responsables des gouvernements des deux républiques partageant l’ile. Il souhaite que des clarifications soient rapidement apportées concernant le dossier afin qu’il ne serve, comme par le passé, de prétexte à d’éventuelles persécutions contre des opposants.
Le militant des droits humains n’écarte pas, de ce fait, la possibilité que l’affaire ne soit rien d’autre qu’une manipulation destinée à faciliter des attaques contre des gens à cause de leurs opinions dérangeantes.
M. Espérance s’étonne enfin de la célérité avec laquelle le commissaire du gouvernement de la capitale, Me Jean Renel Sénatus, affirme avoir mis l’action publique en mouvement contre de prétendus comploteurs alors que l’évidence d’un quelconque flagrant délit n’a point encore été établie.
Le directeur exécutif de l’Initiative de la société civile (ISC), Rosny Desroches, déclare lui aussi, être dans la totale confusion par rapport à cette histoire de complot. Il souhaite que les gouvernements des deux pays apportent de plus amples explications sur la question.
Desroches n’écarte toutefois pas la possibilité de l’existence d’un lien entre ces révélations de complot et le dossier de corruption publié par la journaliste dominicaine Nuria Piera, mettant directement en cause de hautes autorités dominicaines et haïtiennes. Il s’interroge aussi sur la possibilité qu’aurait le candidat dominicain à la présidence, Hipolito Mejia (PRD), de pouvoir déstabiliser le gouvernement Martelly avec la présence de milliers de soldats onusiens en Haïti.
Le responsable du Parti national, démocratique et progressiste haitien (PNDPH de feu Lionel Lainé) et membre du directoire de la plateforme politique « Rasanble », le Dr Turneb Delpé, doute également de la véracité des informations rapportées au sujet du « complot » par le ministre haïtien de la justice et de la sécurité publique, Michel Brunache. Il exprime lui aussi des appréhensions par rapport à l’éventualité que le dossier ne serve au déclenchement de persécutions politiques.
Exprimant lui aussi son scepticisme par rapport au dossier et souhaitant que des preuves soient avancées, le député de Môle Saint Nicolas (Nord-ouest), Eloune Doréus (OPL), propose au gouvernement « d’inventer » plutôt un complot contre la misère et la faim qui gangrènent le pays.
L’ancien sénateur du Centre et membre du secrétariat général de la Fusion des sociaux démocrates haïtiens, Serge Gilles, croit que l’affaire du « complot » constitue une réponse du gouvernement dominicain au dossier de corruption révélé par la journaliste Nuria Piera.
L’ancien parlementaire exprime de ce fait des doutes quant à l’impact des révélations sur les élections en territoire voisin, l’opinion publique dominicaine n’y prêtant aucune foi. Il appréhende aussi le temps que cela prendra éventuellement pour l’établissement de rapports harmonieux entre Martelly et Mejia en cas de victoire de ce dernier, compte tenu de cette affaire de complot qui vise en particulier le candidat dominicain à la présidence.
Source: Radio Kiskeya
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