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samedi 2 juin 2012

Les circuits du transport en commun trafiqués

Carlin Michel
Assurant le trafic du transport en commun dans la zone métropolitaine qui s'apparente de plus en plus à une véritable jungle, les chauffeurs changent comme bon leur semble les circuits définis par des entités étatiques. Le transport en commun, qui se fait dans des conditions difficiles, est devenu une charge considérable pour les modestes familles forcées de dépenser davantage quand les conducteurs décident de raccourcir les circuits.

« Le droit d'établir des aires de stationnement appartient aux autorités nationales, départementales chargées des services de transport. Leur gestion sera assurée par l'autorité municipale », avaient rappelé les ministères de l'Intérieur, des Travaux publics, Transport et Communication, et de la Justice dans un communiqué conjoint au début de cette année. Cette disposition de l'article 18 du code de la route n'est nullement respectée par les chauffeurs de la zone métropolitaine qui changent en toute quiétude les circuits établis par les autorités établies. Pourtant, ces trois ministères avaient menacé de punir les fautifs. « Tout contrevenant à ces dispositions sera puni conformément à la loi », avaient écrit les ministres Thierry Mayard-Paul, Jacques Rousseau et Michel Brunache du premier gouvernement sous l'administration Martelly. Les chauffeurs des véhicules assurant le transport en commun de la zone métropolitaine semblent se moquer de ce communiqué de rappel pris par ces ministères. Car, presque tous les trajets sont trafiqués. « Les chauffeurs réduisent le parcours du trajet habituel », se plaint une passagère qui devrait aller à Delmas 65, quand elle se voit forcée de descendre à Delmas 33. C'est le même problème pour Rigaud qui sort de Clercine et se voit obligé de quitter le minibus au Carrefour de l'aéroport.
trajet en deux circuits : Clercine / Carrefour aéroport (10 gourdes), Carrefour aéroport / Portail Léogâne (20 gourdes). 0r, le trajet normal ne devrait coûter que 15 gourdes. Ce problème ne se pose pas seulement pour ces circuits. Il n'y a presque plus de Pétion-Ville / Carrefour Aviation (10 gourdes), les chauffeurs ont divisé ce trajet à leur gré en trois circuits dans le seul but d'augmenter leur revenu. Ils font Carrefour Aviation / Carrefour Aéroport (5gdes), Carrefour Aéroport / Delmas 48 (5gdes) et Delmas 48 / Pétion-Ville (10gdes). En après-midi, les tap-taps qui stationnent à Carrefour Aéroport, n'arrivent pas à Gerald Bataille, mais aux environs des trois
En effet, les minibus, qui devrait assurer le trajet Portail Léogâne / Delmas 65, le plus cher dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince (20 gourdes), n'effectuent pour la plupart que Stade Sylvio Cator / Demas 33 à l'aller et au retour passent par le Carrefour de l'aéroport / Portail Léogâne. « Malgré que le trajet soit considérablement réduit, le prix reste le même », regrette la passagère. De même, pour les minibus qui font Portail Léogâne / Clercine, certains chauffeurs convertissent c
e mains, pour ensuite recharger leur véhicule pour la destination initiale. Un transport en commun inorganisé Les problèmes liés au transport en commun en Haïti sont graves. Même les chauffeurs, qui ne veulent rien respecter, rencontrent certaines difficultés. « L'un des grands problèmes du secteur est la faiblesse de ses syndicats », a indiqué un chauffeur de Delmas. Voulant comparer les transports en commun haïtien et dominicain, le conducteur fait voir que ce sont les syndicats dominicains qui renforcent le secteur. « En République dominicaine, si vous n'êtes pas membre d'un syndicat vous ne pouvez vous introduire facilement dans le transport en commun, explique-t-il. Alors qu'ici, il suffit d'avoir un véhicule, regrette-t-il. »
Bien que les chauffeurs soient en partie responsable du pourrissement du transport en commun dans le pays, ce conducteur affirme que l'incapacité de l'Etat à imposer ses décisions à tous est à la base de la détérioration de la situation. « Ce n'est pas seulement pour le transport en commun, la défaillance de la société est le résultat même de la faiblesse et l'incapacité de l'Etat à s'imposer », analyse le conducteur de 39 ans, qui croit que le développement d'un pays comme Haïti dépend aussi d'un système de transport en commun fiable, respectable et respecté.
Des minibus à Portail LéogânePour améliorer ce secteur, il reviendrait aux ministères signataires de ce communiqué en date du 25 janvier dernier, rappelant certains articles du code de la route, à se faire sentir.


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