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samedi 2 juin 2012

Vite, un cinéma pour Port-au-Prince !


La rumeur, jeudi, laissait croire qu'un important groupe de télécommunications avait fait l'acquisition du ciné Impérial. De la carcasse de cet ancien grand cinéma sans affiche depuis des lustres. Vérification faite, il n'en est rien. Dommage. Cela aurait été extraordinaire !
Avant le tremblement de terre, tour à tour, une banque de la place et un groupe propriétaire de supermarchés étaient sur les rangs pour acheter les murs de l'Impérial, du Rex Théâtre et du Capitol, les anciens fleurons de nos salles obscures. Le séisme a tout bousculé. Depuis, rien ne se passe dans ce domaine.

Jeudi aussi, le ministre de la Culture, Jean Mario Dupuy, lors de la conférence de lancement de la Quinzaine du livre, a fait l'annonce que le Champ de Mars va être converti en village culturel. Dans les plans, le ciné théâtre Triomphe, le plus luxueux de nos complexes du genre, devrait être réhabilité. Dans ses beaux jours, le Triomphe a vu Charles Aznavour fouler ses planches. Sean Connery et Roger Moore faisaient des cascades sur ses écrans.
Le cinéma va-t-il retrouver ses droits au Champ de Mars, à la capitale?

Les plus lucides vous diront que les comédiens n'ont jamais chômé dans ce petit pays. Nous sommes toujours en représentation avec ou sans projecteurs. En plein jour, comme dans les salles ténébreuses. D'ailleurs les vendeurs de copies piratées des derniers films ont pignon sur rue sur chaque mètre de trottoir.

Ne désespérons pas.

Lors de la dernière édition du festival de Cannes, dans un restaurant du bord de mer de la Croisette, Raoul Peck, membre du jury du festival et homme de cinéma (s'il en existe d'haïtien, il est le premier), aidé de l'ambassadeur de France en Haïti, Didier Le Bret, a lancé l'opération "Un cinéma pour Haïti".

Leur but dévoilé devant un déjeuner est de mobiliser des partenaires pour soutenir le projet de rénovation du cinéma Eldorado, propriété de Peck. 

Parmi les parrains de l'opération : Olivier Poivre d'Arvor, directeur de France Culture; Pascal Rogard, directeur général de la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques (SACD) ; Marie-Christine Saragosse, directrice générale de TV5 ; Olivier Zegna-Rata, directeur des relations extérieures de Canal + ; et Régine Hatchondo, directrice générale d'Unifrance. Que du beau monde et influent en sus !

Qui va prendre l'initiative de créer un pendant local à ce comité ad hoc pour donner des ailes à "Un cinéma pour Haïti" ?

Ah ! qu'il est loin le temps des séances au drive in, les festivals de films d'horreur, les fameuses permanences midi-minuit, la fête du cinéma et l'euphorie qui a suivi la sortie et l'immense succès de "I love you Anne", le film haïtien qui a battu tous les records en Haïti en terme de fréquentation, dépassant l'indépassable "Titanic" !

Depuis, les pirates sont passés par-là, les télévisions qui passent tout sans rien payer aussi.
Rouvrir un cinéma en Haïti, ce n'est pas seulement une question de murs et de sièges, c'est aussi s'attaquer à des monstres d'égoïsme, des moteurs de déchéance.

Sauf si le but est de promouvoir les films d'art et d'essai, les documentaires, il faudra toute une nouvelle politique pour que le cinéma soit meilleur au cinéma.

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