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mardi 6 mars 2012

Les militaires continuent de s'entraîner

Malgré l'injonction formelle faite par la présidence, les militaires démobilisés n'abandonnent toujours pas les espaces qu'ils occupent. Ceux qui sont cantonnés dans l'ex-camp d'application des Forces armées d'Haïti, à Lamentin, continuent, avec leurs séances d'entraînement.


       
Haïti: Ce sont en majorité des jeunes garçons et des jeunes filles. Des recrues d'une armée dont on ignore le nom. Vêtus de vert, ils étaient plus d'une centaine à l'oeuvre, ce lundi. Répartis en plusieurs pelotons, les recrues marchent dans la cour sans aucune arme. Ils sont sous le commandement de plus d'une vingtaine de militaires démobilisés. Dans cette vaste cour, ils ont installé leurs tentes et certains y habitent. Les nouveaux adhérents ont presque tout à leur disposition avec la présence de petits commerçants. Certaines recrues mettent leurs motocyclettes à la disposition du corps. Selon l'un des commandants, les soldats et les adhérents cotisent afin de répondre aux besoins essentiels. L'avenir de ces jeunes n'est pas assuré, reconnait l'un des chefs de file, dans le cas où l'équipe au pouvoir décide de remettre sur pied les Forces armées d'Haïti.

« Nous comptons environ trois à quatre mille adhérents au niveau de cette base. Ils viennent pour les séances d'entraînement, après ils retournent à leurs occupations. En ce qui concerne les dispositions prises par le président de la République, Michel Joseph Martelly, nous n'allons pas nous rebeller. Nous avons déjà passé des ordres, en ce sens. Les militaires ne vont pas circuler dans les rues en portant leur uniforme. Car, nous n'allons pas compliquer le travail du chef de l'Etat, qui est animé de bonne volonté pour remettre sur pied les Forces armées d'Haïti », a déclaré Larose Aubain, l'un des ex-commandants, affirmant qu'ils sont aussi prêts à laisser les espaces occupés, une fois que le président leur proposera une
 alternative.
Les anciens militaires disent avoir voulu occuper le camp de Lamentin bien avant que Michel Martelly accéde au pouvoir. Ils ont révélé l'existence d'une lettre qu'ils avaient adressée le 23 mars 2010 à l'administration Préval-Bellerive. Chargé des affaires politiques, Rosemond Jean a indiqué le contenu de cette lettre. « Après le tremblement de terre du 12 janvier 2010, les militaires démobilisés avaient proposé leur aide à l'Etat. Ils voulaient être recrutés pour effectuer le service social », a-t-il précisé, estimant que les militaires se réunissent afin de mener un mouvement pacifique pour la remobilisation de l'armée.


En ce qui a trait au communiqué publié par le ministère de l'Intérieur, des Collectivités territoriales et de la Défense nationale (MICTDN) exigeant à tous ceux qui détiennent des armes de guerre de les déclarer à ladite institution, les militaires ont rétorqué : « Nous ne sommes pas en possession d'armes de guerre. Il faut aller les chercher dans les quartiers où les bandes armées s'affrontent entre elles et sèment la terreur en l'occurrence : Cité Soleil, Grand Ravine etc. ».

Les anciens militaires ont fait la lumière sur les incidents survenus il y a trois jours, entre eux et la police nationale d'Haïti à Carrefour. Ils ont démenti les rumeurs qui font croire qu'ils ont désarmé un policier. Ils ont exposé ainsi ce qui s'est passé : « La police a interpellé deux anciens militaires qui circulaient sur une moto sans plaque d'immatriculation. Nous nous sommes rendus au commissariat pour recueillir des informations. C'est à cet instant que les policiers ont jeté leurs armes. Nous ne savons pas trop pourquoi. Le commissaire de police de Carrefour doit couper cours à ces rumeurs. D'ailleurs, il n'y avait pas d'arrestation, les policiers ont seulement confisqué la moto qui se trouve jusqu'à présent au commissariat Omega », a expliqué Rosemond Jean, ancien défenseur des sociétaires des coopératives en faillite et coordonnateur de la plateforme Repons Peyizan dans l'Ouest.

A signaler que dans une note adressée à la presse, la présidence a annoncé un ensemble de dispositions prises à l'encontre des militaires démobilisés présents dans des espaces publics. A partir de ces mesures, le pouvoir fait injonction aux anciens militaires de ne pas circuler en treillis et armés. Il ordonne aussi à ces derniers de libérer rapidement les espaces occupés. D'un autre coté, le MICTDN a accordé quinze jours à tous ceux qui détiennent des armes de guerre pour le déclarer. Ils ont clairement fait référence dans ce communiqué aux forces armées. « Les forces armées ont le monopole de la fabrication, de l'importation, de l'utilisation et de la détention des armes de guerre et de leurs munitions ainsi que le matériel de guerre », lit-on dans le communiqué.

Port-au-Prince, samedi 3 Mars 2012 : Le Secrétariat Général de la Présidence informe le public en général et la Presse en particulier qu'une réunion de travail, dirigée par le Président de la République, Son Excellence M. Michel Joseph Martelly, s'est tenue au Palais National le mercredi 29 Février 2012. Elle portait sur la présence non autorisée d'individus armés, en treillis, occupant des anciennes casernes des Forces Armées d'Haïti et des sites appartenant à l'Etat Haïtien.

Ont pris part à cette réunion, les membres du Conseil Supérieur de la Police Nationale, les Présidents des Commissions Justice et Sécurité du Sénat et de la Chambre des Députés.

A cet effet, les dispositions suivantes ont été adoptées :

a) Interdiction formelle à ces individus de circuler en treillis et armés.
b) La Primature, le Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique, le Ministère de l'Intérieur, des Collectivités Territoriales et de la Défense Nationale ont chacun désigné un représentant chargé de :

1. Dresser un bilan des travaux réalisés, à date, par le Bureau des Militaires Démobilisés, créé en 2004, et, du même coup, restructurer ledit bureau ;
2. S'assurer de la bonne marche du processus d'indemnisation des militaires ;
3. Rencontrer les représentants des différents sites occupés et recueillir leurs doléances, le cas échéant ;
4. Faire injonction formelle de libérer, dans le plus bref délai, les différents espaces occupés. Faute par eux de ce faire, il sera pris telles dispositions que de droit.

La Présidence souligne qu'elle a passé des instructions formelles aux services et corps concernés de maintenir l'ordre et la paix publique sur toute l'étendue du territoire national et rappelle à tout un chacun que la constitution d'une nouvelle force publique ne peut se faire que dans l'ordre, la discipline et le respect des lois en vigueur.

Dans l'attente du rapport de la Commission d'Etat d'organisation de la composante militaire de la Force Publique, créée le 2 Décembre 2011, la Présidence encourage le dialogue entre toutes les forces vives de la nation pour une issue heureuse et pacifique à cette situation.

Le Ministère de l'Intérieur, des Collectivités Territoriales et de la Défense Nationale (MICTDN) rappelle à tous les intéressés les dispositions impératives de l'article 268-3 de la constitution de 1987 qui stipule
" Les Forces armées ont le monopole de la fabrication, de l'importation, de l'utilisation et de la détention des armes de guerre et de leurs munitions ainsi que le matériel de guerre."
A cette fin, le Ministère de l'Intérieur, des Collectivités Territoriales et de la Défense Nationale (MICTDN) demande à tous les détenteurs d'armes de guerre, à quelque groupe ou corps qu'ils appartiennent, de les déclarer à ladite Institution pour identification.
Un délai de quinze (15) jours, à compter de la publication de la présente, leur est accordé pour ce faire.
Faute par eux d'obtempérer dans le délai imparti, il sera pris contre eux telles mesures légales et/ou disciplinaires que de droit.
Port-au-Prince, le 2 mars 2012.
Le Ministre de l'intérieur des Collectivités Territoriales et de la Défense Nationale (MICTDN).

Gérard Jeanty Junior
gjeantyjr@lenouvelliste.com

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